L’accès de tous à des services d’assainissement adéquats est l’un des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies. Ainsi, d’ici à 2030, le confinement, le transport, le traitement et l’élimination de nos excréments devront être réalisés efficacement et de façon sûre et durable.
Cette année, la Journée mondiale des toilettes, célébrée le 19 novembre, est consacrée aux eaux usées et à l’importance du traitement et de la réutilisation des effluents. En effet, les eaux usées traitées de manière sûre peuvent constituer une source précieuse et durable de nutriments, d’énergie et d’eau. Les différentes parties de la norme ISO 16075 sur l’utilisation des eaux usées traitées dans le domaine de l’agriculture peuvent ainsi aider les agriculteurs à exploiter cette ressource peu coûteuse et riche en nutriments en toute sécurité. Et ce sont avant tout les paysans pauvres et ceux qui vivent dans des zones confrontées au problème de la rareté de l’eau qui en tireront le meilleur parti.
Un assainissement efficace est en outre essentiel pour atteindre certains des Objectifs de développement durable. En l’absence d’assainissement, les matières fécales sont, par exemple, susceptibles de propager des maladies qui affaiblissent les individus et tuent chaque année des milliers d’enfants. Afin de veiller à ce que les systèmes d’assainissement fonctionnent sans interruption, et ce même dans les conditions les plus difficiles, la norme ISO 24518 propose un système de gestion de crise robuste des services publics de l’eau.
Mais que se passe-t-il lorsqu’il n’existe aucun réseau d’égout, comme c’est le cas pour une grande partie de la planète ? En Afrique subsaharienne par exemple, environ 90 % de la population urbaine n’a pas accès à ce type de réseau. Dans des régions où les individus sont contraints d’utiliser des latrines ou des fosses septiques, ISO 24521 aidera les fournisseurs de services à collecter et à traiter les eaux usées en toute sécurité. La norme propose des lignes directrices pratiques pour la gestion et la maintenance sur site des services d’eaux usées domestiques de base (ou gestion des boues fécales dans le jargon des experts), notamment des conseils sur la formation des opérateurs, l’évaluation des risques et la conception de systèmes de base.
Malheureusement, les systèmes d’assainissement sur site ne sont souvent pas à la hauteur des toilettes à chasse d’eau, et les réseaux d’égout sont trop onéreux pour bon nombre de pays où l’eau est une ressource rare et où l’énergie est très coûteuse. Chaque fois que nous tirons la chasse d’eau, nous utilisons plusieurs litres d’eau, un luxe que peu de personnes peuvent s’offrir. C’est pourquoi l’ISO/PC 305, le comité de projet sur les systèmes d’assainissement non collectifs, a pour ambition de concevoir une nouvelle solution. « Nous sommes allés sur la lune et nous avons de véritables ordinateurs dans nos poches, mais nos toilettes n’ont pas évolué depuis deux cents ans », explique Doulaye Koné, Président de l’ISO/PC 305.
La solution recherchée par le comité doit être tout aussi performante, sûre et souhaitable que les toilettes dotées d’une chasse d’eau, voire davantage. Ces nouvelles toilettes fonctionneront hors réseau (sans égout) et permettront de gérer les déchets sur site et d’en tirer des ressources précieuses comme de l’énergie, de l’eau propre (pour les chasses d’eau), des engrais ou des combustibles solides pour d’autres applications.
Ces toilettes innovantes existent-elles ? Selon Doulaye Koné, nous possédons la technologie pour leur donner naissance, mais celle-ci est trop onéreuse pour le moment. Nous avons besoin d’une norme capable de guider ceux qui innovent, de favoriser la concurrence, de permettre des économies d’échelle et d’établir la confiance des consommateurs et des pouvoirs publics, de façon à mettre ces solutions à disposition de tous. La future norme ISO 30500, dont la publication est prévue en 2018, y contribuera.
« S’il est vrai qu’ISO 24521 est une norme importante pour les prestataires de services liés aux systèmes d’assainissement sur site existants, ISO 30500 sera un outil capable de changer la donne pour tout pays désireux d’introduire de nouveaux produits et de nouvelles technologies. Elle contribuera également à rappeler au secteur de l’assainissement et aux secteurs connexes que les approches et modèles de service en matière d’assainissement sont en train d’évoluer, notamment pour les marchés émergents et en développement pour lesquels les systèmes devront de plus en plus être exploités hors réseau de façon durable », conclut Doulaye Koné.