Relier les points dans une économie circulaire : création d’un nouveau comité technique ISO

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Par Clare Naden
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Dans notre société du « tout jetable », le modèle linéaire fondé sur le triptyque « fabriquer-utiliser-jeter » épuise les ressources de la planète et vide nos poches. La solution passe par une économie circulaire, dans laquelle rien n’est gaspillé, mais plutôt réutilisé ou transformé. Bien que les normes et initiatives abondent dans des domaines comme celui du recyclage, il n’existe actuellement aucune vision globale convenue sur la façon dont une organisation peut boucler la boucle. Un nouveau comité technique ISO sur l’économie circulaire vient d’être créé à cette fin.

Chacun sait que la société de consommation et le recours croissant aux produits jetables mettent en péril notre planète et épuisent ses ressources. Avant de voir arriver le jour où l’on trouvera plus de plastiques dans la mer que de poissons1), il est indispensable d’agir pour endiguer le flux. Selon le Forum économique mondial, s’orienter vers une économie circulaire est la seule voie à suivre. C’est aussi une « opportunité de plusieurs milliers de milliards de dollars, avec un énorme potentiel d’innovation, de création d’emplois et de croissance économique » 2).

Une économie circulaire est une économie réparatrice ou régénératrice. Au lieu d'acheter, d'utiliser, de jeter, l'idée est que rien, ou quasiment rien, ne doit être « jeté », mais plutôt réutilisé, ou régénéré, ce qui permet de réduire les déchets ainsi que l'utilisation de nos ressources.

De l’avis de Catherine Chevauche, Présidente du nouveau comité ISO sur l'économie circulaire, si de nombreuses organisations « font leur part » en termes de recyclage ou d'approvisionnement local, nous sommes loin d'un monde où l'économie est vraiment circulaire.

Selon elle, les entreprises ont besoin d'un nouveau modèle commercial pour créer un nouveau modèle économique.

« Ce qui a fait défaut, c'est une vision véritablement globale de ce qu'est réellement une économie circulaire et un modèle qui puisse être adopté par n'importe quelle organisation  », explique-t-elle.

C'est ce que l'ISO/TC 323, Économie circulaire, entend développer. Ce nouveau comité réunit actuellement des experts de plus de 65 pays différents et attire toujours plus de participants.

C’est lors d’un séminaire organisé par l'AFNOR, membre de l’ISO pour la France, que l’idée de la création de ce comité a germé. Des chefs d’entreprise de nombreux secteurs avaient alors exprimé le besoin de passer d’un modèle économique linéaire à un modèle fondé sur l’économie circulaire. Il s’en est suivi l’élaboration d’une norme française, XP X30-901, Économie circulaire – Système de management de projet d’économie circulaire – Exigences et lignes directrices, publiée en 2018. Les réactions ont été si positives que cela a abouti à la proposition de création d’un comité international, et donc à la naissance de l’ISO/TC 323.

Ce comité a pour vocation d’établir une terminologie et des principes convenus à l’échelon international, ainsi qu’un cadre définissant l’économie circulaire, et d’élaborer une norme sur les systèmes de management dans ce domaine. Ses travaux porteront également sur des modèles commerciaux alternatifs et une méthode pour mesurer et évaluer les processus circulaires.

Face à l’épuisement des ressources, à l’appauvrissement de la biodiversité, aux changements climatiques et aux inégalités croissantes entre pays engendrées par les modèles de production et de consommation à l’échelle mondiale, Mme Chevauche rappelle la prise de conscience de l’urgence de tendre vers une économie circulaire.

« Les membres du comité conviennent de la nécessité d’agir dès à présent pour élaborer le plus rapidement possible des normes dans ce domaine », précise-t-elle.

« C’est particulièrement vrai dans les pays en développement, qui ont généralement supporté le poids des inégalités de richesse et du gaspillage des pays développés. »

L’ISO/TC 323 entend couvrir tous les aspects d’une économie circulaire, y compris les marchés publics, la production et la distribution, la fin du cycle de vie, ainsi que d’autres domaines plus larges comme l’évolution des comportements sociétaux, et la question de l’évaluation, par exemple au moyen d’un indice ou marqueur de « circularité ».

Le comité tirera parti des liaisons établies avec de nombreux autres comités techniques ISO chargés d’élaborer des normes en lien avec ce domaine, notamment sur les achats responsables, le management de la qualité ou encore le management environnemental.

Les travaux du comité contribueront directement à la réalisation de plusieurs des Objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unies, notamment l'ODD 8 qui vise à promouvoir la croissance économique et un travail décent pour tous, l'ODD 12 qui traite des modes de consommation et de production durables,l'ODD 13 qui porte sur changements climatiques et l'ODD 15 relatif aux écosystèmes terrestres.

Les experts engagés sur le terrain ou toute autre partie ayant un intérêt à participer à ce comité sont invités à contacter le membre de l’ISO dans leur pays.


1) Selon la Fondation Ellen Macarthur, si la tendance se confirme, il pourrait y avoir plus de plastiques que de poissons dans nos océans d’ici à 2050.

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