POURQUOI FAUT-IL SOULIGNER L’IMPORTANCE DE LA SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS ? LES LOIS ET LES RéGLEMENTATIONS NE SONT-ELLES PAS SUFFISANTES POUR NOUS DONNER PLEINE CONFIANCE DANS LES PRODUITS QUE NOUS ACHETONS ET QUE NOUS MANGEONS ?
Vous pourriez poser cette même question concernant la sécurité routière, par exemple. Avec chaque nouveau modèle, les voitures sont de plus en plus sûres, mais le travail n’est jamais terminé. Il faut poursuivre sans cesse les efforts de sensibilisation et ne pas relâcher notre vigilance. En ce qui concerne l’alimentation, ce n’est pas aussi simple. Nos systèmes alimentaires modernes sont complexes, et rien ne peut être considéré comme acquis. Les aliments dangereux n’ont rien de nutritif mais sont vecteurs de maladie et de mort, et les maladies d’origine alimentaire font beaucoup trop de victimes chaque année.
Certains d’entre nous ont accès à une alimentation abondante, sûre et nutritive, dont la fiabilité est en grande partie assurée par un cadre juridique bien développé. En matière de sécurité des denrées alimentaires, la mise en œuvre d’un tel cadre juridique, la sensibilisation accrue des consommateurs et la volonté de l’industrie de faire sa part sont tous des éléments importants. Mais dans de nombreux pays, en particulier là où la sécurité des denrées alimentaires est encore un problème, les systèmes de sécurité sanitaire des aliments sont moins bien développés et l’insalubrité des aliments est un facteur de plus qui vient peser sur des populations dont le système immunitaire est potentiellement déjà mis à rude épreuve par la malnutrition.
LE COVID-19 A BOULEVERSÉ NOTRE PLANÈTE ET, DANS DE NOMBREUSES RÉGIONS DU MONDE, FERMETURE DES FRONTIÈRES, CONFINEMENT, PERTURBATIONS DE L’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE, ET BIEN PLUS ENCORE, ONT ÉTÉ À DÉPLORER. COMMENT CES CIRCONSTANCES ONT-ELLES MODIFIÉ NOS ATTITUDES ET NOS COMPORTEMENTS EN MATIÈRE D’ALIMENTATION ?
La grande inquiétude en l’occurrence n’est pas tant la sécurité mais l’insécurité des denrées alimentaires, suscitée par l’interruption des chaînes d’approvisionnement pour cause de maladie des acteurs de la filière ou de fermeture des frontières, ou la mise en place de nouvelles règles administratives. Les intentions peuvent être bonnes et viser à protéger les gens, mais toute mesure restrictive peut avoir des effets secondaires et perturber le commerce. Le COVID-19 nous a tous pris par surprise et a remis en cause de nombreux aspects que nous tenions jusque-là pour acquis.
Il est important de rappeler à tous que nous n’avons aucune preuve que le COVID-19 est transmis par l’alimentation. Il faudra le redire, en insistant pendant quelques temps encore, afin de dissiper les éventuels malentendus qui ont pu se développer.
QUELS SONT LES DÉFIS SUPPLÉMENTAIRES QUE POSE CETTE PANDÉMIE MONDIALE, ET QUE POUVONS-NOUS FAIRE POUR NOUS PROTÉGER ?
Les consommateurs sont plus attentifs à l’hygiène des denrées alimentaires en raison de l’attention accrue portée à l’hygiène personnelle en général. C’est une bonne chose ! Il serait exagéré d’affirmer que la sécurité sanitaire des aliments s’est globalement améliorée, car tant d’autres variables ont évolué. En fait, il se peut qu’il y ait eu des effets négatifs sur nos systèmes de sécurité sanitaire des aliments, notamment en ce qui concerne les services d’inspection des aliments, qui ont peut-être été réduits du fait de la pandémie. Nous avons constaté une augmentation des ventes de denrées alimentaires en ligne en raison du confinement. Je suis sûr que cette tendance va se poursuivre et que des défis risquent de surgir s’agissant des systèmes de contrôle de la qualité et de la sécurité des denrées alimentaires vendues par de nouvelles entreprises en ligne. Comme je l’ai déjà souligné, la sécurité sanitaire des aliments est essentielle pour nous tous, et, en tant que consommateurs, nous avons un rôle décisif à jouer. Nous pensons qu’à l’heure actuelle, ce rôle est plus crucial que jamais, et que, même si le COVID-19 ne constitue pas directement un problème en la matière, il nous faut rester vigilants quant à la sécurité des produits alimentaires. Nos habitudes ont été perturbées et, de ce fait, la sécurité des denrées alimentaires risque d’être compromise. On ne voudrait surtout pas avoir à vivre, en plus de la pandémie actuelle, un incident majeur de sécurité sanitaire des aliments.
Notre message pour la Journée internationale de la sécurité sanitaire des aliments vise à rassurer les consommateurs et les producteurs : nous devons, tout comme par le passé, continuer à être vigilants de sorte que les aliments de demain soient toujours sûrs .
LE CODEX ALIMENTARIUS VISE À AMÉLIORER LA SÉCURITÉ SANITAIRE DES ALIMENTS SUR TOUTE LA CHAÎNE D’APPROVISIONNEMENT ALIMENTAIRE, AU NIVEAU LOCAL ET INTERNATIONAL. IL FAIT RÉFÉRENCE À UN CERTAIN NOMBRE DE NORMES ISO TELLES QU’ISO 22000. COMMENT LES NORMES INTERNATIONALES PEUVENT-ELLES CONTRIBUER À GARANTIR LA SÉCURITÉ DES DENRÉS ALIMENTAIRES ?
Les Normes internationales peuvent servir de points de repère pour tous, et elles le font effectivement. Les normes mondiales du Codex Alimentarius, tout comme celles de l’ISO, fournissent des informations précieuses aux gouvernements, à l’industrie et aux consommateurs du monde entier. Elles sont des références, pour une interprétation commune et une reconnaissance mutuelle, permettant une compréhension mutuelle indispensable pour constituer la base d’un commerce mondial sûr des produits d’alimentation.
Les normes nous aident également à préparer les débats de demain : elles sont importantes dans toutes les situations, mais d’autant plus en période d’insécurité accrue où elles constituent un socle sur lequel s’appuyer et un bon point de départ pour élaborer de nouvelles lignes directrices afin de faire face à des situations inattendues, aujourd’hui et demain.
Cela m’amène à un point important pour le Codex : notre force a été, depuis 1963, de rassembler tout le monde pour fixer des normes et dégager un consensus dans un esprit de collaboration, d’inclusion et de transparence. Le travail a été effectué, pour une grande part, au cours de réunions physiques auxquelles participaient des centaines de personnes. Il nous faudra, tout comme une grande partie du système des Nations Unies, nous réinventer et revoir notre façon de travailler. Je pense que l’ISO pourrait nous apporter des éclairages utiles à cet égard.
QUELS SONT VOS PLATS PRÉFÉRÉS ?
Mes plats préférés sont nombreux. Ils varient selon l’endroit où je me trouve et selon la saison. Cette année, comme j’ai fait du télétravail depuis mon domicile en Allemagne, j’ai bien profité de mon menu printanier favori : asperges blanches et pommes de terre nouvelles arrosées de beurre fondu, avec une salade croquante et du vin blanc, et en dessert, des fraises et de la crème !
Un repas très simple qui ne demande pratiquement aucune préparation, mais où ce qui compte, c’est la fraîcheur des produits de saison et le plaisir des traditions culturelles.