À l’image de notre monde, nos voitures sont de plus en plus connectées, et le risque augmente que les données qu’elles traitent tombent dans de mauvaises mains. La cybersécurité dans le secteur automobile a donc le vent en poupe, mais la bataille n’est pas encore gagnée.
Le monde bouge
Recharger rapidement et facilement une voiture entièrement électrique reste un casse-tête, d’où l’intérêt de la formule hybride. Sur cette voie, l’ISO est en route pour fournir les normes nécessaires.
Pour lutter contre le changement climatique, les gouvernements s’efforcent d’encourager le passage aux véhicules électriques. En effet, plus que tout autre secteur, les transports sont responsables d’une grande partie des émissions de CO2 dans le monde. Les ventes de tous les véhicules électriques hybrides sont en hausse, ce qui laisse penser que nous sommes arrivés à un tournant.
Les véhicules électriques et hybrides ont fait du chemin depuis le début des années 1990, quand les premiers essais de production de ce type de véhicules ont été lancés. Seuls quelques-uns d’entre eux se sont avérés véritablement concluants à l’époque. Mais depuis, la technologie des véhicules électriques et hybrides a fait des progrès significatifs et ces véhicules sont devenus plus propres, plus rapides et plus efficaces. Avec la technologie sophistiquée dont dispose aujourd’hui ce secteur, l’enjeu concerne maintenant l’élaboration de normes pour en harmoniser l’utilisation et exploiter toutes les possibilités offertes.
Composer avec la COVID-19
L’incidence de la crise sanitaire va bien au-delà du confinement imposé, des complications que soulève la conciliation du travail à distance et de l’enseignement pour de jeunes enfants pleins d’énergie, et de l’incertitude économique ambiante. L’Agence internationale de l’énergie souligne que, en raison de la pandémie, par rapport aux chiffres de mars 2019, le secteur des transports a enregistré en mars 2020 une baisse de 50 % de ses activités au niveau mondial, les vols commerciaux ayant chuté de plus de 75 % à la mi-avril. En dépit de ces perspectives sombres, l’effet clairement positif a été la baisse des émissions de CO2 relâchées quotidiennement dans le monde, la revue de recherche Nature signalant un recul de 17 % de la production de carbone au début du mois d’avril 2020 par rapport à la même période l’an dernier.
La conjonction de cette réduction de l’activité du secteur des transports et de la diminution des émissions de carbone a attiré notre attention sur l’importance des véhicules électriques hybrides (HEV). Ces véhicules combinent l’avantage du moteur à combustion interne et des moteurs électriques qui utilisent l’énergie stockée dans des batteries, ce qui permet d’utiliser moins d’essence et d’améliorer le rendement énergétique du carburant. L’ISO montre la voie en élaborant et en publiant des normes pour les HEV, qui fournissent des lignes directrices et des mesures efficaces pour évaluer la consommation de carburant et les émissions. Ces normes sont particulièrement utiles car elles portent sur les véhicules rechargeables par des moyens externes (ISO 23274-2) et non rechargeables par des moyens externes (ISO 23274-1).
Ainsi, à l’heure où les gouvernements développent des programmes et des incitations pour stimuler l’achat de véhicules plus respectueux de l’environnement et poursuivent leurs efforts pour infléchir la courbe des émissions de CO2, l’ISO est en bonne place pour identifier comment améliorer les technologies HEV et élaborer des normes et des mesures que pourront adopter à la fois les constructeurs et les organismes gouvernementaux.
Les normes ISO pour les véhicules électriques hybrides sont déjà des références utilisées dans le monde entier.
Une chance pour la voiture ?
Dans cette situation mondiale inédite, quelques statistiques surprenantes ont été enregistrées. Alors que les ventes de voitures classiques chutaient de façon spectaculaire dans le monde entier, durant les premiers mois du confinement obligatoire (imposé par décret), en Europe et en Chine, les ventes de HEV ont en fait augmenté. L’explication réside notamment dans le fait que l’Union européenne (UE) renouvelle ses efforts pour abaisser les normes d’émissions de CO2 pour les voitures et les véhicules utilitaires légers. En cette année 2020 est entré en vigueur un règlement européen imposant d’importantes réductions sur la moyenne des émissions de CO2 des voitures neuves au kilomètre. Dans le cadre de son programme de relance économique, après avoir augmenté ses subventions pour les véhicules électriques en février de cette année, l’Allemagne, par exemple, prévoit d’installer un million de bornes de recharge publiques pour véhicules électriques. Dans le même temps, le gouvernement français a annoncé que l’État accordera une prime pouvant aller jusqu’à EUR 7 000 par véhicule électrique. Des experts anticipent que de nombreux autres pays suivront bientôt les mesures prises par l’Allemagne et la France.
Pour Bloomberg New Energy Finance, les constructeurs automobiles ne seront pas découragés par l’incertitude créée par la récente pandémie, mais continueront à travailler pour se conformer aux réglementations plus contraignantes introduites en Europe et en Chine. Le soutien accru et les incitations des gouvernements contribueront à stimuler l’achat, le leasing et la conduite de voitures électriques hybrides. Bloomberg estime que d’ici 2022, il y aura sur le marché plus de cinq cents modèles de véhicules électriques hybrides disponibles. Compte tenu de l’ampleur de l’offre, il prévoit également que d’ici 2025 la part de marché actuelle de 2,7 % des ventes de véhicules électriques passera à 10 % et sera proche de 60 % d’ici 2040, les marchés chinois et européens venant en tête. À l’inverse, on pense que la courbe des ventes des véhicules thermiques classiques a atteint son sommet en 2017 et qu’elle commence maintenant à s’inverser.
Masao Kubodera est membre du sous-comité SC 37 de l’ISO sur les véhicules à propulsion électrique, qui relève du comité technique ISO/TC 22, Véhicules routiers. Les principaux domaines de normalisation de ce SC sont les systèmes de charge par conduction, la transmission d’énergie sans fil, les composants de propulsion électrique et la consommation d’énergie. De par ses fonctions chez Honda et à l’Institut japonais de recherche automobile (JARI), M. Kubodera a pu mieux saisir à quel point l’ISO est capable de prévoir les besoins futurs et d’identifier les normes qui se profilent avant que les pays et les agences ne soient prêts à mettre au point et à appliquer leurs propres réglementations. Comme il le souligne, « l’avantage de l’ISO est qu’elle commence à travailler avant que les règlements ne soient mis en œuvre, ce qui permet de créer des règlements fondés sur les normes établies par ses soins. Il est ainsi possible d’appliquer les technologies et les méthodes les plus récentes et les plus appropriées ».
La beauté de l’hybride
S’agissant des normes et de la mesure efficace des émissions des véhicules, il faut d’abord expliquer à ceux qui n’y connaissent rien ce qui différencie les véhicules hybrides des véhicules électriques « usuels ». « Les véhicules électriques hybrides disposent d’un système de stockage d’énergie rechargeable qui peut être chargé puis déchargé, l’énergie servant à la propulsion ou au déplacement du véhicule. Ce type de véhicule roule à l’électrique, l’électricité étant produite par un moteur à combustion interne. Les véhicules électriques, en revanche, ne fonctionnent qu’avec de l’électricité directement obtenue par branchement au réseau », explique M. Kubodera.
Dans un véhicule classique à moteur à combustion interne (MCI), l’énergie du carburant fourni par une source d’alimentation externe est convertie en énergie mécanique par le moteur pour accélérer et un système de freinage permet de décélérer. Dans les véhicules électriques hybrides, le moteur électrique est utilisé comme générateur et n’est pas un dispositif de freinage, mais lors du freinage, il convertit l’énergie cinétique (l’énergie du mouvement) en énergie électrique. En utilisant cette énergie comme puissance d’appoint à l’accélération, la consommation de carburant du MCI est réduite, ainsi que les émissions de CO2 qui en résultent.
Voilà un résultat extrêmement important, mais quels que soient les avantages environnementaux ainsi obtenus, la réduction des émissions de CO2 n’est pas la seule motivation d’achat de ceux qui optent pour des véhicules électriques hybrides. Au départ, au regard de leur prix, les véhicules électriques hybrides étaient vus, certes, comme des moyens de transport responsables, mais aussi comme un marqueur permettant de montrer son pouvoir d’achat, note le journaliste Frédéric Filloux, car leur coût dépassait largement celui des véhicules classiques et était hors de portée de la plupart des acheteurs. M. Kubodera précise : « Hormis la question du prix, pour que les véhicules électriques puissent réellement gagner du terrain, il s’agira de toujours se concentrer sur l’amélioration des performances et des mesures et de s’assurer que les gouvernements du monde entier créent des subventions et des politiques pour en encourager l’achat et l’utilisation. »
Tour d’horizon mondial
En fournissant des garanties en termes de mesures et de performances, la normalisation peut apporter une solide contribution à l’acceptation mondiale de la mobilité électrique. Les normes ISO pour les véhicules électriques hybrides sont déjà des références utilisées dans le monde entier. Aux Philippines, par exemple, afin d’augmenter le nombre de HEV sur les routes, le gouvernement a établi un plan sur dix ans pour favoriser la production, les débouchés locaux et les mises à niveau technologiques pour ce type de véhicule. Un rapport indique que l’État travaille actuellement avec 28 entreprises, dont 11 fabricants de pièces et composants automobiles et sept importateurs, les normes ISO 23274-1 (véhicules non rechargeables) et ISO 23274-2 (véhicules rechargeables) étant un élément clé du programme.
Pourtant, comme le fait valoir le Global EV Outlook 2020, publication phare de l’Initiative pour les véhicules électriques, qui est un forum politique multi-gouvernemental dédié à l’accélération de l’introduction et de l’adoption des véhicules électriques, pour passer du moteur à combustion interne au véhicule électrifié, les gouvernements ont besoin d’une vision à long terme et d’un solide train de mesures politiques, ainsi que de nouveaux régimes fiscaux pour compenser la perte de recettes provenant des taxes sur les carburants. L’Inde est actuellement le quatrième plus grand constructeur de voitures à moteur thermique, qui, avec un pic de vente atteint en 2018, enregistre des taux d’achat contraires aux tendances à la baisse observées dans le reste du monde. Selon une étude technique menée par Ernst & Young, le gouvernement indien entend répondre aux niveaux croissants de pollution, aux besoins de la population et aux importations élevées de pétrole brut du pays en créant des solutions pour des véhicules et des déplacements durables. Les normes ISO pour les véhicules électriques hybrides jouent également un rôle crucial dans ses plans.
Suivant l’exemple de la Chine, le marché européen des véhicules routiers électriques a connu une croissance significative ces dernières années, largement grâce aux normes et aux politiques de soutien. Dans son livre blanc de février 2020, le Conseil international pour un transport propre note que ce marché se porte bien dans ces deux régions car elles disposent d’un large éventail de politiques à tous les niveaux de l’État, qui permettent de surmonter les principaux obstacles (prix, commodité et prise de conscience) à l’achat de véhicules électriques. La Norvège, qui montre la voie en Europe, a pour objectif de ne vendre que des véhicules à émissions zéro d’ici 2025. Aujourd’hui, dans ce pays déjà plus d’un véhicule sur dix en circulation est un véhicule électrique hybride, 50 % des véhicules importés sont équipés d’une prise de courant et peuvent être rechargés sur le réseau. Le Danemark et la Suède, ont tous deux décidé d’arrêter progressivement la fabrication et la vente de véhicules MCI après 2030 et le Royaume-Uni s’est fixé un objectif similaire pour 2035.
Les progrès technologiques et les changements sociétaux modifient radicalement la mobilité. Avec des réglementations plus strictes concernant les émissions, des batteries aux coûts moins élevés et une infrastructure de recharge plus largement disponible, il sera possible de créer une dynamique en faveur d’une montée en puissance des véhicules électriques sur le marché. Quant à la vitesse d’adoption, elle sera déterminée par l’intérêt des consommateurs et la pression réglementaire, appuyée par la disponibilité de Normes internationales. L’ISO a un rôle important à jouer pour soutenir la transition vers des véhicules plus intelligents et plus durables. Mais devant un tel nombre de pays, de gouvernements et de constructeurs en jeu, toutes les possibilités sont là pour établir des partenariats encore plus productifs et plus sûrs dans la filière des véhicules électriques hybrides respectueux de l’environnement.
Les progrès technologiques et les changements sociétaux modifient radicalement la mobilité.
En transit
Ce numéro lève le voile sur les tendances actuelles dans le secteur des transports et présente les stratégies qui s’avèreront payantes pour le secteur dans son ensemble en 2021. Découvrez ici les toutes dernières solutions.